ADDRESS TO THE POPEOctober 1, 1946
because I am a man and because God and his Christ are only ideas who in fact bear the filthy mark of the hand of man; and for me these ideas have never existed. Now free to take credit from the last practicing catholics for the existence of a beyond, which I control all the means to make them confess that it emerges from a fold of their filthy gut, and who is the catholic incristed in the vehme, the holy vehme and its incurable orthodoxy, who has not, especially in these last few years, learned to make or remake abdominally as well as cervically, and by a strange nasal rhinitis to which the entire sex has been invited for two thousand years, has not learned, I say, to make or re-make, Jesus-christ. And it would be useless, Pius XII, to quibble that all this is not in your name, for you, yes you, Pius XII, have this movement in your throat and in your nose, especially when you say mass, and there would be no need to feel around your navel so much to find that you fornicate a never ending anathema (let there be my seed by the grace of God) between your plexus and your gut. But that is not why I am writing you. I am writing you because you know who I am, and it is well known to all the police that Artaud Antonin was just an enormous and derisory Punchinello secret, a universal stage whisper, that was forcefully withheld from me alone, me Antonin Artaud, by threat of straight jackets, cells, poison, electric shock, strangling, estrapades, beatings and assassination. That, Pius XII, was my life for nine years. This secret is that Antonin Artaud is entranced, kept prisoner by a dark, sinister and villainous magic, from where things are said and felt dramatically and even melodramatically, and from where they are felt and said objectively and scientifically. This secret is that the mind, the brain, the consciousness and most of all in fact the body of Artaud are paralyzed, restrained and enchained by methods among which electric shock is a mechanical application and prussic acid or potassium cyanide or insulin a sort of botanical or physiological transposition, - let us suppose. What exactly constitutes these methods, Pius XII, I will tell you again differently and more precisely. It remains that you and the congregation of the Holy Office are deeply involved in my assault and subsequent arrest in a public place in Dublin as well as my imprisonment in Dublin and my nine-year internment in France. And I was arrested, imprisoned and poisoned from September 1937 till May 1946 for exactly the same reasons that I was arrested, flagellated, crucified and thrown in a pile of manure in Jerusalem a little more than two thousand years ago. Indeed, I say, much more than two thousand years ago. For this number, two thousand years, represents the 2,000 years of historical life since the death of the crucified of Golgotha till today. Historical, that is to say officially gathered, recorded and inventoried. For in fact time on that day brought about a terrible leap to things, and I remember perfectly well, Pius XII, once out of the pile of manure where I had remained for three and one-half days in the expectation of feeling my death to decide to get up, not so much the memory of pain, but of the obscene insult of having been publicly stripped and whipped by special order of the priests, of the beatings and blows on my face, of rods striking my back from the anonymous populace who hated me for no other reason than that I was Antonin Artaud (and that was my name two thousand years ago as well as today), and thus the horrible memory of so many wretched hands beating my face, me, who did not know them and had done nothing against them, made me vomit so horribly that I felt myself explode, my chest physically explode, and history has not preserved the memory of the dark period that followed. And I was poisoned to death from 1937 to 1940 by order of the French Sûreté Générale as well as its intelligence service, the Soviet GPU and the Vatican Police. But if I died two thousand and some years ago on a cross, then I fucking guarantee that this time I won’t be kept in an asylum cell, a military block house or a prison shit house, and my conscience will not be at peace nor will the Manes of the corpse that I am be pacified until I have roasted you and your upright prick, yes you, Pius XII, your upright prick, with a few of your Bohemian or Moldavian monks, on the high altar of St. Peter’s in Rome and the more tendentiously priestly and occult one of St. John Lateran. Antonin Artaud
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Adresse au Pape 1er octobre 1946. 1. Je renie le baptême. 2. Je chie sur le nom chrétien. 3. Je me branle sur la croix de dieu (mais la branlette, Pie XII, n’a jamais été dans mes habitudes, elle n’y entrera jamais. Peut-être devez-vous commencer à me comprendre). 4. C’est moi (et non Jesus-christ) qui a été crucifié au Golgotha, et je l’ai été pour m’être élevé contre dieu et son Christ, parce que je suis un homme et que dieu et son Christ ne sont que des idées qui portent d’ailleurs la sale marque de la main d’homme; et ces idées pour moi n’ont jamais existé. Libre maintenant aux derniers catholiques pratiquants de se prévaloir de l’existence d’un au-delà dont j’ai en main tous les moyens de leur faire avouer qu’il sortit d’un pli de leurs ventres sales, et quel est le catholique incristé dans la vehme, la sainte vehme de son incurable orthodoxie, qui n’ait, spécialement ces dernières années, appris à faire ou à refaire abominablement comme cervicalement, et par une étrange rhinite nasale à laquelle tout le sexe depuis deux mille ans est convié, n’ait appris, dis-je, à faire ou à refaire Jésus-christ. Et il sera inutile, Pie XII, d’ergoter que tout cela n’est pas de votre obédience, car ce mouvement vous l’avez, vous, Pie XII, dans la gorge et dans le nez, spécialement en disant la messe, et il ne faudrait pas tâter votre nombril de si près pour s’apercevoir que vous ne cessez de forniquer un anathème (que par dieu ma semence soit) entre le plexus et le gésier. Mais ce n’est pas pour cela que je vous écris. Je vous écris parce que vous savez qui je suis et que c’est une chose connue de toutes les polices qu’Artaud Antonin pour tout le monde d’ailleurs ne fut qu’un énorme et dérisoire secret de polichinelle, et que seul, moi, Antonin Artaud, j’ai été constraint publiquement d’ignorer sous peine de camisoles, de cellules, de poisons,, d’électro-choc, d’étranglements, d’estrapades, d’assommades et d’assassinat. Ce qui, Pie XII, a été ma vie pendant neuf ans. Ce secret est qu’Antonin Artaud est envoûté, retenu prisonnier, d’une sombre, sinistre et crapuleuse magie, cela du côté où les choses se disent et se sentent dramatiquement et même mélodramatiquement, et du côté où elles se sentent et se disent objectivement et scientifiquement. Ce secret est que l’esprit, le cerveau, la conscience et aussi et surtout en fait le corps d’Artaud sont paralysés, retenus, garrottées par des moyens dont l’électro-choc est une application mécanique et l’acide prussique ou la cyanure de potassium, ou l’insuline une transposition comme botanique ou physiologique, - mettons. En quoi ces moyens consistent exactement, Pie XII, je vous le redirai de plus près et autrement. Toujours est-il que vous et la congrégation du saint-office êtes pour beaucoup dans mon arrestation après assommade sur une place publique de Dublin, mon emprisonnement à Dublin, et mes neuf ans d’internement en France. Or j’ai été arrêté, emprisonné, interné et empoisonné de septembre 1937 à mai 1946 exactement pour les raisons pour lesquelles j’ai été arrêté, flagellé, crucifié et jeté dans un tas de fumier à Jérusalem il y a un peu plus de deux mille ans. Il y a dirai-je d’ailleurs beaucoup plus de deux mille ans. Car ce chiffre de deux mille ans représente les 2 000 mille ans de vie historique écoulés depuis la mort du crucifié du Golgotha jusqu’à aujourdhui. Historique, c’est-à-dire officiellement recueillis, repérés et inventoriés. Car en fait le temps ce jour-là fait faire aux choses un saut terrible, et je me souviens parfaitement bien, Pie XII, que sorti du tas de fumier où j’avais séjourné trios jours et demi dans l’attente de me sentir mort pour me decider à me lever, non tellement le souvenir de la douleur, mais celui de l’obscène insulte d’avoir été déshabillé publiquement puis flagellé sur l’ordre spécial des prêtres, celui des gifles, des coups de poing sur la face, et des coups de barre dans le dos venus de l’anonyme populace qui sans autre raison avouable ne me haïssait que parce que j’étais Antonin Artaud (et c’était mon nom il y a deux mille ans comme aujourdhui), l’épouvantable mémoire donc de tant de mains abjectes battant ma face, qui les ignorait et ne leur avait rien fait, me donna un tel haut-le-coeur que je sentis en éclater, physiquement en éclater ma poitrine, et l’histoire n’a pas conservé la mémoire de la période funèbre qui a suivi. Or j’ai été empoisonné à mort de 1937 à 1940, sur l’ordre aussi bien de la sûreté générale française, que de l’intelligence service, que du guépéou, que de la police du vatican. Masi si je suis mort il y a deux mille et quelques années sur une croix je vous fous mon billet que cette fois-ci on ne m’aura pas dans une cellule d’asile, une casemate de fort ou les chiotes d’une prison, et ma conscience ne sera pas tranquille, ni les mânes du mort que je suis apaisés avant de vous avoir fait cuire sexe en l’air, vous le sexe en l’air, Pie XII, avec quelques-uns de vos moines de Bohême ou de Moldavie sur le grand autel de Saint-Pierre-de-Rome et celui plus tendancieusement prêtre et occulte de Saint-Jean-de-Latran.
Antonin Artaud |